Sénégal / Yannick*, 19 ans
Bonjour je m’appelle Yannick mais mes amis me nomment Chicarito. J’ai 19 ans, nouvel étudiant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
J’habite dans la banlieue dakaroise. Je suis chrétien et je vis avec ma famille. J’ai commencé à sortir avec des garçons depuis mon jeune âge (12ans). En cette période, c’était juste des jeux et je jouais toujours le rôle de la femme car je me sens féminin au fond de moi.
Un peu obèse, les hommes apprécient toujours mes formes. Chez nous un des mes cousins était venu pour ses études à Dakar, mon père avait décidé qu’il vienne dans ma chambre pour m’appuyer dans mes études. Seulement comme je ne sortais pas beaucoup, j’aimais jouer avec lui et il a cédé à mes tentatives et on vivait une parfaite relation car à chaque fois qu’on est dans la chambre, je devenais sa femme. On s’aimait bien en toute discrétion. Un jour on a décidé d’aller plus loin car je ressentais l’envie de plus en plus de me féminiser davantage. On a acheté des fringues de filles (mini robe, jupe, soutien gorge, string..) que je m’étais à chaque fois qu’on dormait à l’insu de la famille. Mais après son bac en 2017, il a quitté la maison pour aller vivre au campus universitaire. Là bas aussi je le rejoignais des fois pour continuer notre vie.
Mais comme j’avais des habits de fille dans mes bagages, un jour ma mère sortait mes habits pour les laver à sa grande surprise, elle tombe sur cela. Sans rien dire, elle m’a emprunté mon téléphone et elle a vu les sms et messages vocaux avec mon cousin.
Et l’enfer commence. Elle s’en est ouverte à mon père sans rien me dire.
Mon papa, un militaire à la retraite très dur avec nous, m’a réuni avec mon cousin dans une chambre et nous questionne sur nos antécédents. Sur la menace de nous tuer, mon cousin a tout raconté que c’est moi qui l’ai provoqué. J’ai passé un sale temps avec mon père il m’a tellement battu. Et a décidé de me changer d’écoles car mon cousin lui a même dit que j’ai des amis gays à l’école. Pire il a dit au principal de ma nouvelle école de me surveiller si toutefois je m’isole avec les garçons. Je me sentais mal dans ma peau car j’étais surveillé comme du lait sur le feu.
Heureusement que j’ai eu le Bac après l’avoir repris. Je pensais pouvoir rejoindre l’université pour vivre librement mon orientation sexuelle mais non, mon père a décidé que je rentre chaque soir à la maison. Je ne peux rien faire en ce moment car je suis jeune et je dépends essentiellement de ma famille.
Quand j’ai rencontré l’organisation Arc en Ciel, il fallait que je leur raconte mon histoire. Peut être on pourra trouver une solution pour mieux vivre ma sexualité en harmonie avec ma famille.
Yannick est un nom d’emprunt
Dakar, Sénégal